Les éoliennes en mer à l'arrêt en France lorsque pas rentables : que va changer cette décision du gouvernement ?

Trois parcs éoliens en mer en France vont suspendre leur production d'électricité lorsque celle-ci n'est pas rentable, a annoncé le ministère de l'Économie : que va changer cette décision ? Est-ce une victoire pour les opposants à l'éolien ?

Parc éolien mer prétexte
Les parcs éoliens concernés par cette mesure sont situés au large de Fécamp, Saint-Brieuc et Saint-Nazaire (photo d'illustration).

C'est une décision étonnante, annoncée le lundi 2 juin par le ministère de l'Économie : trois parcs éoliens offshore, autrement dit situés en mer au large des côtes françaises, vont arrêter leur production d'électricité lorsque celle-ci n'est pas rentable. Que va changer cette mesure ? Pourquoi une éolienne peut-elle être plus ou moins rentable ? Les éoliennes terrestres seront-elles concernées ?

Une perte sèche pour les finances publiques

Trois parcs éoliens en mer sont concernés par cette mesure : ceux installés au large de Fécamp, de Saint-Brieuc et de Saint-Nazaire. Jusqu'à maintenant, ces éoliennes étaient incitées à produire de l'électricité au maximum de leur capacité, peu importe le prix du marché. C'est en tout cas ce que prévoyaient les "contrats d'obligation" qui avaient été établis.

Désormais, ces trois parcs éoliens viennent de signer des avenants : ceux-ci prévoient l'arrêt de leur production électrique lorsque les prix sont négatifs, c'est-à-dire lorsque l'offre est supérieure à la demande et que les prix passent en-dessous de 0€. Lorsque le vent souffle peu ou pas du tout, une éolienne est moins rentable, ce qui créé des variations de prix très importantes.

Cette décision est une bonne nouvelle pour les finances publiques : jusqu'à aujourd'hui, les contrats prévoyaient que l'intégralité de la production des parcs éoliens soit achetée au prix fixé dans ces derniers, même avec une rentabilité faible ou nulle.

Comme l'État subventionne la production d'électricité éolienne avec des prix garantis, peu importe les circonstances, ces contrats étaient en fait une aberration économique et commerciale, avec à la clé une perte sèche pour les caisses de l'État en cas de prix négatifs sur le marché.

Les éoliennes terrestres bientôt concernées ?

L'absence de vent étant aussi une réalité sur terre, bien plus qu'en mer d'ailleurs, les contrats vont aussi évoluer de ce côté-là. Des dispositions similaires sont prévues par le ministère de l'Économie pour l'éolien terrestre dans la loi de finances, et un premier arrêté d'application vient d'être envoyé au Conseil supérieur de l'énergie pour avis.

Ainsi, c'est le fonctionnement de l'intégralité du parc éolien français qui sera concerné à terme, d'abord pour les installations les plus puissantes. Tous les futurs contrats inciteront les éoliennes à arrêter leur production en cas de prix négatifs, soit en moyenne pendant 235 heures par semestre, selon les chiffres de la Commission de régulation de l'énergie au premier semestre 2024.

Une perte équivalente à 80 millions d'euros par semestre pour l'ensemble du parc éolien français subventionné pourrait ainsi être évitée. Les opposants à l'énergie éolienne crient déjà victoire, eux qui critiquent fortement le caractère intermittent de sa production. Il ne s'agit pourtant que d'une décision budgétaire, et pas d'un arrêt de l'investissement dans le renouvelable.

Référence de l'article :

France Info. La production d'électricité dans les parcs éoliens en mer suspendue lorsqu'elle n'est pas rentable.

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