Des feux historiques au Canada : les fumées de ces incendies, arrivées en France, peuvent-elles perturber la météo ?

Le Centre et l'Ouest du Canada sont concernés en ce début de mois de juin par des feux de forêts considérés comme historiques. La fumée issue de ces incendies a traversé l'Atlantique : arrivée en France, peut-elle perturber la météo ?

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Près de 3 millions d'hectares de forêts ont déjà brûlé cette année au Canada, et une centaine de feux sont actuellement hors de contrôle (photo d'illustration).

Le Canada fait actuellement face à des incendies de forêts ravageurs, d'ampleur exceptionnelle pour cette époque de l'année. La fumée toxique de ces feux a traversé l'Atlantique cette semaine, atteignant l'Europe de l'Ouest et la France. Cette fumée est-elle visible ? Peut-elle perturber les conditions et les prévisions météo ? Faut-il craindre un impact sur la qualité de l'air et notre santé ?

Une centaine de feux hors de contrôle !

Depuis un mois, les feux de forêts se montrent particulièrement actifs et virulents au Canada. En ce dimanche soir, 218 incendies étaient toujours en cours, dont la moitié (109) encore hors de contrôle ! Le Centre et l'Ouest du pays sont les plus concernés, notamment les provinces de Colombie-Britannique (72 feux actifs), de l'Alberta (58 feux), de Manitoba (28), de l'Ontario (27) et du Saskatchewan (15).

Les incendies les plus dévastateurs, les "méga-feux", font rage dans les forêts boréales du Nord du pays, des territoires reculés et très difficiles d'accès : c'est pourquoi certains feux atteignent des dimensions remarquables, comme le Pisew Fire, qui a déjà brûlé plus de 140 000 hectares de forêts dans la province du Saskatchewan.

Cette année, 2,8 millions d'hectares sont déjà partis en fumée au Canada, soit 265 fois la superficie de Paris, et plus de 30 000 personnes ont été évacuées. La surface brûlée, remarquable (comme si un feu brûlait entre Compiègne et Orléans), reste en-deçà du record de 2023, où 4 millions d'hectares avait déjà brûlé en juin, pour un total sur l'année de 15 millions d'hectares partis en fumée !

Une fumée vraiment sans risque ?

La plupart de ces feux ont pour origine les activités humaines, et ont été déclenchés par accident, dans un environnement très sec. Le printemps a en effet été chaud et sec sur le Centre et l'Ouest du Canada, et la fonte importante du manteau neigeux a exposé de manière précoce le sol et la végétation au soleil, accélérant l'assèchement en surface.

La fumée de ces incendies est toxique : elle contient notamment des particules fines, des composés organiques volatils, des gaz, notamment du dioxyde de soufre, du dioxyde d'azote et du monoxyde de carbone. La qualité de l'air est ainsi particulièrement mauvaise au Canada, notamment du côté de Montréal.

Non loin du Canada, la ville de Chicago, aux États-Unis, a ainsi été enveloppée plusieurs jours dans un nuage opaque, et des alertes à la pollution ont été lancées dans le Michigan, le Wisconsin, ou le Minnesota, alors que la fumée a fait chuter la qualité de l'air à un niveau nocif pour la santé.

Une météo impactée en France ?

Toute cette semaine, le flux a été orientée à l'Ouest sur l'océan Atlantique : ces fumées sont donc arrivées jusqu'en Europe de l'Ouest, notamment en France depuis samedi. Pas d'inquiétude toutefois, comme elles circulent chez nous à très haute altitude, elles sont sans danger pour la santé, d'ailleurs aucun n'impact n'a été pour le moment observé sur la qualité de l'air.

Toutefois, ces fumées perturbent un peu les conditions météo. Elles sont peu visibles, mais elles donnent parfois un aspect blanchâtre ou laiteux au ciel, sous la forme d'un voile de nuages, pouvant donner une teinte rougeâtre au crépuscule. Ce dimanche, derrière les cumulus de beau temps, le bleu du ciel était ainsi altéré, et cela sera encore le cas ce lundi sur le tiers Nord de la France.

Samedi, ces fumées ont limité le risque d'averses en région parisienne, où il a moins plu qu'attendu. La fumée, comme le fait d'ailleurs le sable du Sahara (qui sera de retour mercredi dans un flux de Sud), a tendance à freiner la croissance des gouttes de pluie, mais aussi à ralentir la convection, ce phénomène qui donne naissance aux gros nuages porteurs d'averses voire d'orages.

OSZAR »