Que faut-il manger pour être protégé des polluants éternels ? Deux études récentes ont une piste sérieuse
Et si nous disposions d'une solution simple pour nous protéger des polluants éternels ? Selon deux études récentes, consommer certains aliments lors des repas diminuerait l'absorption par notre organisme de ces PFAS.

Et si changer notre alimentation nous permettait de lutter contre l'absorption des polluants éternels (les PFAS) par notre organisme ? Deux études récentes, menées sur des souris et des humains volontaires au Canada, nous donnent une piste sérieuse, à travers les fibres alimentaires. De quels aliments s'agit-il ? Quand faut-il les manger ? Quels mécanismes entrent en jeu ?
L'absorption des PFOS et PFOA diminuée
Ces deux études, publiées à quelques mois d'intervalle et menées notamment par Jennifer Schlezinger, professeure de santé environnementale à l'université de Boston (États-Unis), révèlent que l'apport de fibres alimentaires dans nos repas permettrait de diminuer l'absorption par notre organisme de deux polluants éternels très courants.
DOCUMENT #JT20h : ces polluants éternels néfastes dans l'eau du robinet
— Le20h-France Télévisions (@le20hfrancetele) March 26, 2025
La concentration de TFA, dérivé des PFAS, n'est par exemple par mesurée. Nous avons donc nous-mêmes fait les prélèvements et les résultats sont sans appel. pic.twitter.com/K2mqVBmS08
Il s'agit du PFOS et du PFOA, deux molécules de la famille des substances per- et poly-fluoroalkylées (PFAS), surnommées "polluants éternels" en raison de leur persistance à très long-terme dans notre environnement. Ces PFAS, qui restent dans le corps humain plusieurs années, sont associés à des maladies cardiovasculaires, à des cancers ou à des malformations lors de la grossesse.
D'après ces deux études, réalisées sur des souris et sur un groupe de 72 volontaires canadiens, il serait donc possible d'agir en amont, au moment où nous ingérons ces substances, à travers l'eau et les aliments, pour limiter leur absorption par notre organisme.
Il suffirait pour cela de consommer pendant nos repas des fibres alimentaires : un résultat considéré comme encourageant par Jennifer Schlezinger, auteure des deux études, mais devant encore être confirmé. "L'essentiel est que ce soit faisable, accessible et économique" a-t-elle indiqué, et surtout bon pour notre santé !
Une ressemblance avec les acides biliaires
Comment expliquer ce résultat ? Pourquoi les fibres alimentaires empêcheraient-elles notre corps d'absorber les polluants éternels présents dans l'eau et dans la nourriture ? Tout serait en fait lié à la ressemblance entre ces polluants éternels dits "à longue chaîne" (le PFOS et le PFOA) et les acides biliaires ou "sels biliaires", naturellement synthétisés par le foie.
β-glucans, a fiber in oats and mushrooms, may help your body eliminate PFASforever chemicals linked to hormonal disruption, immune dysfunction, and cancer
— FoundMyFitness Clips (@fmfclips) March 15, 2025
The main sources of PFAS exposure include:
Contaminated drinking water
Cooking utensils and non-stick cookware
pic.twitter.com/qA4F7bNqbG
Lorsque nous ingérons des fibres alimentaires, celles-ci forment un gel qui bloque le passage vers le sang des acides biliaires relâchés dans l'intestin, mais aussi celui de ces polluants éternels. Puisqu'ils ne peuvent plus franchir la barrière intestinale, ils finissent donc par être évacués dans nos excréments, aux toilettes (par l'urine pour les polluants éternels "à chaîne courte").
Précisons qu'il faut consommer ces fibres pendant les repas, plutôt qu'à d'autres moments de la journée, en raison de la production accrue d'acides biliaires lors de la digestion. Les fibres solubles et les fibres insolubles sont tout aussi efficaces pour participer à l'élimination des polluants éternels.
De quels aliments parle-t-on ? Les fibres solubles se retrouvent au cœur des végétaux comme les légumineuses (lentilles, pois chiches), l'avoine, les pommes de terre, l'orge, les carottes, les fraises, les agrumes ou les algues. Quant aux fibres insolubles, on les retrouve dans les céréales complètes, le riz complet, le chou, les racines (betteraves), les oléagineux (noix) et certains fruits et légumes.
Références de l'article :
Geo. PFAS : et si manger des fibres nous protégeait des "polluants éternels" ?
J.J. Schlezinger et al., Toxicology and Applied Pharmacology, 2025. An oat fiber intervention for reducing PFAS body burden : A pilot study in male C57Bl/6J mice.
J.J Schlezinger et al., Environmental Health, 2025. Per- and poly-fluoroalkyl susbtances (PFAS) in circulation in a Canadian population : their association with serum-liver enzyme biomarkers and piloting a novel method to reduce serum-PFAS.