80% des insectes en Europe ont disparu...et si les suivants, c'était nous ?
Ils ont nourri nos sols, protégé nos cultures et pollinisé nos plantes. Pourtant, les insectes disparaissent en silence. Leur déclin fulgurant menace bien plus que la biodiversité. Voici pourquoi.

En seulement trente ans, l’Europe a perdu jusqu’à 80 % de sa population d’insectes. Une hécatombe à bas bruit. Discrets, méprisés, parfois détestés, les insectes sont pourtant les piliers invisibles du vivant. Ils pollinisent, régulent les ravageurs, nourrissent les sols… et maintiennent tout un écosystème en équilibre.
Mais voilà : ce « petit peuple du sol et du ciel » décline huit fois plus vite que les mammifères, les oiseaux ou les reptiles. Un phénomène mondial, confirmé par des études participatives comme celle sur les insectes écrasés sur les plaques d'immatriculation au Royaume-Uni, et alarmant jusque dans les campagnes françaises.
Auxiliaires du vivant, plus précieux que les pesticides
La coccinelle qui peut dévorer jusqu'à 100 pucerons par jour, le syrphe pollinisateur, le ver de terre qui aère et enrichit les sols…Tous ces « auxiliaires de culture », en tout cas, de la culture durable, remplacent avantageusement les intrants chimiques destructeurs.
Ce sont les maillons fondamentaux de la vie sur Terre. Cependant, ce service gratuit rendu à l’agriculture est aujourd’hui menacé
Pourquoi cet effondrement ?
L’histoire humaine, depuis l’agriculture il y a 11 000 ans, s’écrit contre le Vivant, et non avec. Pour protéger cultures et troupeaux, l’humain a pourchassé tout ce qu’il considérait comme une menace, du loup au plus petit insecte.
L'homme moderne, depuis, s’est éloigné de son rôle de gardien du vivant, a préféré ériger une agriculture basée sur la compétition, l’éradication et la rentabilité à court terme.
Aujourd’hui, cette logique atteint ses limites. Pesticides, pollution, fragmentation des habitats, intensification agricole, dérèglement climatique… Tous ces facteurs s’additionnent pour détruire la biodiversité. Et le plus inquiétant, c’est ce qu’on ne voit pas : des espèces entières disparaissent avant même d’avoir été identifiées.
Certains discours osent affirmer que « la biodiversité ne s’effondre pas en Europe ». Un propos démenti par de nombreux scientifiques. En effet, la biodiversité ne se limite pas aux grands mammifères : elle inclut aussi les insectes, les plantes, les bactéries et les champignons qui soutiennent la vie terrestre.
Pas de biodiversité, pas de sécurité dans plusieurs domaines !
La biodiversité n’est ni un luxe, ni un simple attachement sentimental à la nature. Elle est notre assurance-vie collective : sans insectes, plus de pollinisation, plus de fruits, moins de régulation des nuisibles, des sols appauvris… et des écosystèmes à l’agonie.
Même des institutions comme la Banque Centrale Européenne, le Forum économique mondial et la Banque de France intègrent aujourd’hui les risques économiques et systémiques liés à l’effondrement de la biodiversité dans leurs analyses.
Semer l'espoir
Tout n'est pas perdu. L’agriculture durable, la permaculture, l’agroforesterie misent sur ces alliés naturels pour une cohabitation respectueuse AVEC la nature, plutôt que CONTRE elle.
Le 20 mai, c’est la Journée mondiale des abeilles. Le 22 mai, celle de la biodiversité. L’occasion idéale pour (re)découvrir le monde fascinant des insectes.
Source de l'article
Foucart, S. (2017, octobre 18). En trente ans, près de 80 % des insectes auraient disparu en Europe. Le Monde.