Découvrez le "grolar", un animal hybride symbolique du changement climatique

Avec le réchauffement climatique, les ours polaires doivent s'aventurer dans de nouveaux territoires, ce qui les amène parfois à croiser la route des grizzlys et même de s'accoupler avec eux.

Grolar
Le grolar est un ours hybride issu de l'accouplement d'un grizzly et d'un ours polaire, ce qui lui donne cette couleur pâle

Le grolar, ou pizzly est un animal hybride issu de l'union entre un grizzly et un ours polaire, une union insolite qui incarne malheureusement parfaitement les bouleversements actuels de notre climat.

Une hybridation naturelle ?

Si ce type d'événement peut paraître tout droit sorti de l'imagination d'un scientifique excentrique, l'hybridation est en réalité un phénomène assez fréquent dans la nature. Il n'est en effet pas si rare que des individus d'une même famille mais d'espèces différentes finissent par s'accoupler, même dans le milieu naturel.

On peut par exemple citer la mule, qui est le résultat d'un accouplement entre un âne mâle et une jument, ou encore le ligre, qui est quant à lui issu d'un croisement entre un lion et un tigre. En partant de cette logique, le « grolar » est le résultat d'un accouplement entre un grizzly et un ours polaire (grizzly + polar bear = grolar ou pizzly).

Si bon nombre de noms lui sont attribués, le grolar, est un animal hybride rendu possible par le faible écart temporel qui sépare les deux espèces d'ours. En effet, les grizzlys et les ours polaires ont un ancêtre commun datant d'environ 600 000 ans, ce qui leur permet de se reproduire en donnant naissance à un animal hybride.

Les premiers cas observés de grolar sont apparus en captivité. Dans les années 1970 par exemple, un croisement entre grizzly et ours polaire avait déjà pu être documenté au parc zoologique de Thoiry en région parisienne, les deux individus ayant été réunis dans un seul enclos faute de place.

Néanmoins, il a fallut attendre 2006 pour qu'un cas de grolar soit documenté dans la nature, lorsqu'un ours au pelage étrange avait été abattu par un chasseur au Canada. D'autres cas ont ensuite été documentés, si bien qu'on avait pu recenser au moins 5 individus hybrides à l'état sauvage en 2014.

Comment expliquer de telles hybridations ?

Il peut semble étrange qu'un grizzly et un ours polaire puissent se croiser en pleine nature. L'ours polaire vit en effet principalement sur la glace marine au large des îles de l'Arctique canadien alors que le grizzly se retrouve notamment dans les montagnes et les forêts boréales d'Amérique du Nord, autrement dit entre les États-Unis et une partie du Canada.

Néanmoins, avec le réchauffement climatique, l'habitat naturel de l'ours polaire est de plus en plus mis à mal, la banquise fondant de plus en plus rapidement depuis maintenant plusieurs décennies. Ainsi, cet habitat de plus en plus rétrécit oblige l'ours polaire à parcourir de nouveau territoires pour chasser et surtout survivre.

De ce fait, l'ours polaire s'aventure donc de plus en plus au Sud pour trouver de la nourriture et croise ainsi la route des grizzlys. Si les deux espèces s'affrontent dans la plupart des cas, il peut arriver que celles-ci finissent par s'accoupler et ainsi donner naissance au grolar.

Le grolar, ou pizzly est donc un véritable symbole vivant du changement climatique. Sans l'augmentation des températures et la fonte des glaces, les ours polaires n'auraient pas besoin de s'aventurer bien au-delà des banquises pour trouver de la nourriture et ne croiseraient ainsi jamais la route des grizzlys.

Néanmoins, outre le réchauffement climatique, le grolar est également un symbole de la menace qui plane sur l'ours polaire de nos jours. Il est en effet très contre productif que les ours polaires tendent à s'accoupler avec des individus d'autres espèces, en sachant que ceux-ci sont classés comme espèce vulnérable selon l'UICN et que les experts estiment que leur population pourrait diminuer de 30% d'ici dans les 30 prochaines années.

Référence de l'article :

Le grolar, cet étrange animal hybride qui alerte sur le climat, Science&Vie (11/05/2025), Louise Guyonnet

OSZAR »